Ecologie et exploitation des crevettes Péneides dans le centre algérien
Auteur
Talhi , Nesrine
Bouchelagheme , Malak
Cette étude, fondée sur des données et observations issues des apports de la pêche commerciale dans la région de Bouharoun et des prospections réalisées par le navire océanographique du CNRDPA lors de la campagne de coopération algéro-espagnole, fournit des informations sur la répartition, l’écologie, le régime alimentaire, la
reproduction, la croissance et l’exploitation des crevettes blanche (Parapenaeus longirostris, Lucas 1846) et rouge (Aristeus antennatus, Risso 1816) dans les fonds
chalutables des côtes algériennes. Ces deux espèces de crevettes profondes, d'une grande importance économique, sont largement répandues et abondantes dans les eaux
algériennes. Les études écologiques et biologiques menées sur ces crevettes ont permis de préciser les conditions optimales de leur distribution. Aristeus antennatus occupe principalement des fonds chalutables entre 200 et 600 mètres de profondeur, tandis que Parapenaeus longirostris se rencontre surtout sur des fonds vaseux, plus ou moins sableux, à des profondeurs variant entre 150 et 350 mètres. Entre février 2024 et mai
2024, 704 individus de crevette blanche (dont 330 femelles et 374 mâles) et 712 individus de crevette rouge (dont 144 femelles et 570 mâles) ont été mesurés à partir
des captures commerciales de la région centre de la côte algérienne. Le sexe-ratio global est presque équitable chez la crevette blanche, avec une similitude des tailles moyennes entre mâles et femelles. En revanche, chez la crevette rouge, les femelles présentent une taille moyenne significativement supérieure à celle des mâles.Les paramètres de croissance, calculés pour les deux sexes confondus chez Parapenaeus longirostris, sont
: L8 = 38,09 mm, K = 0,56 an-1 et t0 = -0,26 an. Pour Aristeus antennatus, les paramètres de croissance diffèrent selon le sexe : chez les femelles, L8 = 69,43 mm, K
= 0,42 an-1 et t0 = -0,31 an, et chez les mâles, L8 = 46,87 mm, K = 0,44 an-1 et t0 = - 0,3 an. Ces résultats ont été utilisés pour estimer les paramètres d’exploitation. Pour Parapenaeus longirostris, le coefficient de mortalité totale (Z) est de 1,66 an-1, la mortalité naturelle (M) est de 0,64 an-1, la mortalité par pêche (F) est de 1,04 an-1, avec un taux d’exploitation (E) de 0,62. Pour Aristeus antennatus, les coefficients de mortalité totale sont de Z = 2,1 an-1 pour les femelles et Z = 2,26 an-1 pour les mâles, la mortalité naturelle est de M = 0,44 an-1 pour les femelles et M = 0,52 an-1 pour les mâles, tandis que la mortalité par pêche est de F = 1,62 an-1 pour les femelles et F = 1,79 an-1 pour les mâles, avec des taux d’exploitation de E = 0,77 pour les femelles et E = 0,79 pour les mâles. Ces résultats ont permis d’étudier le rendement par recrue pour les deux espèces, révélant que l’effort de pêche actuel est proche de l’effort optimal, ce
qui suggère une surexploitation des stocks. L’analyse du rendement horaire de Parapenaeus longirostris a montré un pic en 2008 et 2009 avec 16 kg/h au port d'Alger
et à Cherchell respectivement, tandis que le port de Bou Haroun a enregistré un rendement horaire significatif de 12 kg/h pour cette espèce en 2009, 2016 et 2019. Pour
Aristeus antennatus, le rendement horaire le plus élevé a été observé en 2008 au portde Cherchell avec 24 kg/h.